De la nécessité de poser la problématique du commerce du carburant au Togo 23/04/2017

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De la nécessité de poser la problématique du commerce du carburant au Togo                                                                             23/04/2017
Par Marcelle Apévi

Cœur meurtri, sentiment de désolation sont les expressions des togolais qui ne cessent de s’interroger sur les biens fondés de cette opération dite entonnoir qui au lieu de contribuer à mettre fin au commerce illicite du carburant est devenu un escadron de la mort qui sème la désolation. Un sujet très sensible qui nécessite la revue des copies des moyens sacrifiés en fin de compte, pour tuer les togolais.

Pensée et mise en place pour dit-on lutter contre la vente illicite du carburant dit frelaté, l’opération entonnoir se démarque par des méthodes dramatiques qui sèment la désolation dans les cœurs, endeuillent les familles aussi bien dans le camp des vendeurs que dans le camp des agents qui conduisent cette opération.

La question que l’on se pose est d’abord de s’avoir, pourquoi s’entêter à poursuivre et investir l’argent du contribuable dans une opération qui promeut en fin de compte la mort ? Partout où passe l’opération entonnoir, mort passe et arrache de façon macabre, des vies. Brûlures à degré divers, accidents de circulation graves, accidents liés aux incendies des produits stockés dans des maisons dans des conditions inappropriées, tueries à balles réelles, poursuites méchantes par des agents qui balancent les jeunes commerçants fuissent-ils dans le vide… sont les différentes phases dans le parcourt de cette opération qui déborde et remet en cause l’objectif premier qui sous-tend sa mise en place.

L’on est curieux de savoir les fonds et les motivations de cet acharnement sur des jeunes qui exercent ce commerce par manque d’emploi. Des interrogations se multiplient notamment celle de savoir par quels moyens ces produits prohibés sont acheminés au pays. Qui se cachent derrière ce commerce qui semble bien nourrir son homme ? Qui se cachent derrière cette traque qui fait tant de mort et occasionne d’importants dégâts matériels ? Autant de questions qui restent sans réponses, faisant de ce sujet une nébuleuse et ténébreuse affaire.

Certains observateurs parlent de la porosité des frontières sauf que selon nos enquêtes personnelles, aucun point d’entrée au Togo n’existe qui ne soit gardé par des militaires. La question est alors de savoir pourquoi malgré la présence effective des forces de sécurité et de défense aux frontières, ces produits prohibés abondent au pays ?

La somme de toutes ces interrogations conduit à conclure qu’il s’agit plutôt d’une problématique qui mérite une attention particulière autre que cette façon de placer les commerçants du carburant au premier plan d’une activité, à notre humble avis bien structurée par des individus véreux qui ne vivent pas des fruits de leur travail administratif.

Un soldat bien payé peut-il accepter des miettes à un poste frontalier pour laisser passer un produit prohibé ?

Le refus obstiné de respecter les dispositions de la Constitution togolaise qui imposent aux fonctionnaires de l’administration publique, la déclaration de leur bien est aussi une cause directe de cette activité dont la traque fait plus de dégâts que son exercice.

Dans un communiqué rendu public, le Mouvement Martin Luther King (MMLK) constate et regrette l’échec de l’opération entonnoir qui s’apparenterait à un escadron de la mort. Le MMLK appelle à la disparition de cette opération qui doit laisser la place à des méthodes saines et républicaines pour gérer efficacement le phénomène de vente du carburant.

Certains observateurs sont d’avis avec le MMLK et estiment qu’il s’agit plutôt d’un bitos derrière lequel se cacheraient des barons du pouvoir RPT/UNIR détenteurs des actions dans les différentes compagnies pétrolières qui opèrent au Togo, et propriétaires de la plupart des stations de vente de produits pétroliers. Ils soutiennent que l’opération entonnoir est plutôt un moyen mis en place pour protéger les investissements de ces barons qui créeraient des spéculations pour appauvrir le peuple.

Face à toutes les supputations qui se créent autour de ce sujet crucial et sensible, nous pensons qu’il faille replanter le décor, recentrer le sujet et poser clairement la problématique du commerce de carburant au Togo en prenant en compte les différentes réalités qui poussent les populations vers ces points de vente anarchiques et non sécurisés qui jonchent les rues du pays.

Togo-Online.co.uk