Braquage spectaculaire de 3 officiers de l’armée togolaise à Johannesburg : Gravement atteint, le Colonel Ouro-Bang’na s’en remet.

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Lomé, mercredi 10 mai 2017, la nuit garde encore ses droits, le corps militaire se réveille avec une inquiétante nouvelle. La présidence de la république déjà informée prend les dispositions vers Johannesburg, toutes les compétences et moyens sont mobilisées. Trois officiers togolais, tous de grade colonel, viennent d’être victimes d’un spectaculaire braquage.

Braquage spectaculaire de 3 officiers de l’armée togolaise à Johannesburg : Gravement atteint, le Colonel Ouro-Bang’na s’en remet.

La nuit du mardi 09 au mercredi 10 mai courant ne sera pas un bon souvenir pour la délégation militaire en mission au pays de Mandela. Le directeur des Services des Armées, l’armurier de l’Etat-major et le chef d’Etat-major particulier de la présidence ont été braqués alors qu’ils venaient d’atterrir pour une mission. A leur atterrissage, de sources bien introduites, contrairement aux premières informations, une voiture officielle est bel et bien venue les chercher. La voiture est envoyée par la société que la délégation visitait dans le cadre de l’achat du matériel militaire.

Précédemment, ladite société a effectué une visite au Togo pour rencontrer les officiels. Pour conclure le marché, notre délégation se déplace. On peut se demander si le Togo a actuellement besoin de matériel militaire. Pertinente question, sauf que, depuis quelques années, notre pays est devenu un des grands pourvoyeurs des troupes onusiennes dans différentes missions en Afrique. C’est dans ce cadre précisément que le Togo s’équipe dans le cadre de la Centrafrique, un pays de plus en plus instable qui a hautement besoins des missions militaires internationales. Le Togo y est, il doit s’équiper pour répondre aux besoins logistiques avant que les Nations-Unies paient l’ardoise. Ces officiers ne sont donc que dans leur rôle, même si l’opinion estime que ces missions de maintien d’ordre et d’intervention militaires internationales font partie des motifs qui poussent la communauté internationale à fermer les yeux sur les dérives du pouvoir en place dans la gestion scabreuse du pays.

Pour une opération d’achat de matériel militaire professionnel, les officiers de notre armée se sont retrouvés nez à nez avec des braqueurs eux aussi armés de matériel, tout autant professionnel que militaire. Ironie de sort ? La voiture envoyée a pris la direction de l’hôtel avec cinq personnes à bord, trois Togolais et deux Sud-africains. Tout a bien commencé et rien ne laissait présager que la voiture transportant la délégation était pistée par une autre, elle aussi, équipée d’ « officiers » du braquage. Par la faveur d’une bifurcation parallèle à la grande route empruntée, alors que la voiture de la délégation se trouvait dans un tournant critique, prise en « sandwitch » par un chantier routier à droite et un ravin à gauche, les braqueurs effectuent un dépassement osé et se mettent en travers du labyrinthe. Ils descendent armées jusqu’aux dents et dépouillent la délégation de tout ce qu’elle portait sur elle, même leur vestes n’ont pas échappés. Le colonel armurier était immobilisé avec la mitraillette pointée sur sa tête; le colonel Panassa reçoit un coup de cross qui blesse son front et son nez; le colonel Ouro-Bang’na est immobilisé avec l’arme pointée à son abdomen. Tout leur a été retiré, de leur mallette aux portables. Jusqu’ici, aucun coup de feu, les dégâts sont plus matériels qu’humains.

Alors que le gang s’est servi et que l’opération est finie, pendant qu’il levait l’ancre, le colonel Ouro-Bang’na Nassam, Directeur des Services des FAT, reçoit deux balles au ventre, fin de l’opération. Les visiteurs partent avec les clés de la voiture braquée. Le premier passant qui arrive transporte les victimes à l’hôpital. Ils sont à l’hôpital, Mr Ouro-Bang’na est très atteint quand bien même, par déformation militaire, il va se débrouiller pour être tenu par les épaules plutôt que traîné sur une civière. L’intervention chirurgicale réussit à le débarrasser des deux balles. Pour une intervention compliquée, l’officier était dans un état critique aux premiers moments. Mais déjà ce mardi, son état s’est largement amélioré et il pouvait marcher et échanger sans grandes précautions quand bien même il est sous un haut contrôle médical avec sa première femme à ses chevets.

Commentaires

L’Afrique du Sud est réputée pour son insécurité. Au-delà des fils du pays, une race de Nigérians et de Zimbabwéens meuble le sulfureux monde des braqueurs. Notre armée et les officiels togolais le savent. Comment donc se sont-ils débrouillés à envoyer une délégation, de surcroît militaire, pour une aussi haute mission de sécurité africaine sans la moindre mesure de sécurité pour la délégation. Quand de vulgaires démarcheurs atterrissent dans notre pays, flanqués du ronflant titre d’hommes d’affaires, c’est toute une armée qui est mobilisée autour d’eux et sur leur passage. Pendant tout leur séjour, ils sont rassurés d’un chauffeur militaire et d’au moins un garde-corps équipé d’armes achetées par le contribuable togolais. Comment se fait-il que, pour une mission aussi importante, aucune mesure n’a été prise pour la sécurité des officiers si on sait ce que ça coûte à une armée pour faire d’un soldat de rang un officier? Depuis que l’Afrique du Sud n’est plus une destination sûre, c’est avec une escorte policière que les délégations d’un certain niveau quittent l’aéroport à chaque atterrissage. Comment ceux qui sont sensés répondre de la sécurité des Togolais peuvent brader la vie des responsables militaires qui vont payer de leur sang, soit-dit, pour sécuriser un pays étranger?

Préalablement, nos sources renseignent que c’est le chef d’État-major des FAT qui devait faire cette mission. Qu’est-ce qui a justifié le fait qu’il se fasse remplacer pour une mission qui finira par se révéler un saut incertain dans un abattoir ?

Ils sont trois braqués et le braquage n’a suscité aucun coup de feu. Comment comprendre que Mr Ouro-Bang’na reçoive deux balles alors que tout s’est passé sans résistance et que les malfrats s’apprêtaient à quitter les lieux ?

Ils ont été dépouillés de tout ce qu’ils tiennent. La volonté de les déplumer totalement peut aussi faire croire qu’au-delà de l’argent, les criminels étaient en quête d’informations. Qui a intérêt à s’informer sur des officiers togolais en Afrique du Sud ? Outre les frais de mission, combien ont emporté les braqueurs du moment où l’équipement militaire est une affaire de gros sous ? Comment les braqueurs ont-ils fait pour tomber sur la bonne cible, c’est-à-dire, une délégation qui tenait la liquidité ? La délégation a-t-elle été signalée dans les rangs de l’entreprise qui attend pour l’accueillir en tant que client? Les émissaires togolais ont-ils été signalés du Togo ? Question sérieuse quand on regarde un peu dans le rétroviseur.

Il faut rappeler que dans un passé encore d’actualité, un braquage, des plus rocambolesques, a eu lieu à l’aéroport international de Lomé Tokoin. Alors que des commerçants, du moins officiellement connus comme tel, s’apprêtaient à quitter l’aéroport de Lomé avec une forte liquidité évaluée à plusieurs milliards toute devises confondues, au nez et à la barbe des forces de sécurité togolaises, ils ont été dépouillés de leur bien à coup d’armes automatiques. Comme pour signer leur forfaiture et défier les forces de l’ordre, les supposés braqueurs se sont infiltrés dans le quartier supposé être le plus sécurisé de la capitale, Lomé II. Depuis ce braquage hautement suspect, que nous avions baptisé à l’époque « braquage VIP », l’opinion se dit que tout est possible avec notre pays où les intérêts sont désormais resautés dans les instances décisionnelles.

M. Ouro-Bnag’na est un colonel de l’armée, depuis plus de dix ans, il occupe un poste très convoité. Des détracteurs n’ont pas hésité à demander à Mr Faure de le démettre de ses responsabilités. Mais le service que l’on rend semble répondre aux attentes du chef suprême de l’armée et tous les commérages n’ont rien donné. En tout cas, sa gestion des affaires militaires rencontre l’adhésion de Faure Gnassingbé. Les rares fois que nous avons échangés avec ce monsieur, à chaque fois qu’il est question de sa gestion, il ne cesse de répéter, « qui travaille à l’hôtel vit de l’hôtel, mais ne détruit pas l’hôtel ». Dans un environnement où les relations valent désormais mieux que les compétences, le secret d’une longévité à un poste de cette envergure, c’est le minimum d’honnêteté dans la gestion. En tout cas, au-delà de ce que peuvent colporter les détracteurs, la gestion Ouro-Bang’na de la DS permet à l’hôtel des FAT de tenir debout.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’homme a été pressenti, à un moment donné, au ministère des finances avant que le président ne soit dissuadé par le souci de ne pas trop militariser l’administration. L’attaque en Afrique du Sud est-elle un choix de ceux qui estiment qu’il a trop duré à un poste aussi juteux ? Très connu dans sa communauté, discret et humble, l’officier assume pleinement sa partition aux côtés des autres cadres, il fait partie de ces cadres tem qui font la fierté de leurs frères quand bien même personne ne peut faire l’unanimité dans son environnement. Tout récemment, comme un bloc, avec les autres cadres aux côtés des chefs traditionnels, ils se sont opposés aux velléités communautaires et politiques de certains dans la région centrale.

Tout le monde est témoin de la percée politique du PNP. Comme le régime en place n’a appris à faire que la politique de l’argent et non de la politique de la conviction, on susurre déjà, dans certains milieux, qu’il y a forcément une main invisible qui finance les activités de Me Atchadam. Puisque qui cherche trouve, il y a quelques semaines, un journal de la place a fait lire qu’un baron tem du régime finance les activités du PNP. Alors que nous avions pris cette information pour une plaisanterie, une source sérieuse nous fera savoir que l’affaire est prise au sérieux et qu’avant le journal « le deuxième bureau a fait remonter la même information». Interrogé par notre rédaction, Tikpi Atchadam a rétorqué que « si au-delà des commérages d’un journal des services de renseignement disent détenir une telle information, c’est que le Togo ne dispose pas de service de renseignement. Ou alors, si il existe, il n’est pas professionnel et donc il a beaucoup à faire ».  Le chef du PNP a ensuite conclu que pour le moment, il n’a le soutien de personne, si quelqu’un arrive, il ne s’est pas encore annoncer à son parti.

On se rappelle, il y a quelques années, le Franco-Togolais Koffi Yamgnam, cadre Bassar et un des cerveaux de la politique française, n’a pas caché ses ambitions présidentielles. Dans la foulée, il est revenu dans les échanges que le politique français s’est approché de certains officiers de chez lui. Comme un hasard de calendrier, une race d’officiers a connu des repositionnements, bref une redistribution de cartes à des postes de responsabilité. Cette rumeur, qui ressemble à une façon de vendre du faux pour acheter le vrai, par rapport à un supposer financement d’Atchadam, n’est pas sans rappeler la force de nuisance noyau dur au tour du prince dans une sorte de marre aux Crocodiles. Le col Ouro-Bang’na est un cadre parmi les cadres tem, l’attaque peut-elle être liée à cette rumeur aux allures d’une intoxication pour affaiblir une race qu’on peut juger gênante ? Autant de questions dont nous confions la réponse au temps. De Johannesburg, le Directeur du Service des Armées se porte de mieux en mieux. Prompte guérison à lui.

Source : Abi-Alfa, Le Rendez-Vous No.307 du 18 mai 2017

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