Bénin: Patrice Talon rétropédale sur le mandat unique

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Pour certains, c’est une violation pure et simple d’une promesse de campagne phare. Pour d’autres, c’est juste une continuité après l’échec de la réforme constitutionnelle. En tout cas, la rhétorique ambiguë de Patrice Talon sur le seul et unique mandat qu’il avait promis de faire jusqu’en 2021, avant de céder le fauteuil, laisse peu de place au doute. Désormais, le président béninois affiche clairement sa volonté de rempiler à la tête du pays. Veut-il se débarrasser de cette mesure, devenue un boulet et qui a contribué à le rendre populaire ?

Patrice Talon a-t-il déjà la tête dans la campagne présidentielle de 2021, correspondant à la fin de son mandat ? Elu en mars 2016, le président béninois a en tout cas ouvert une brèche sur sa promesse de campagne de ne faire qu’un seul et unique mandat.

Ce samedi 7 octobre à Paris, lors d’une rencontre avec la diaspora béninoise vivant en France, le président lâche un petit bout de phrase qui nourrit depuis l’idée d’un rétropédalage présidentiel sur le mandat unique. «Il n’y a aucune raison que je continue de proclamer haut et fort que je ne serais pas candidat à un 2e mandat», lance le président en réponse à une question de l’assistance.

Et pourtant, un an après son élection, l’actuel locataire du Palais de la Marina avait voulu graver dans le marbre constitutionnel au point de déclencher une querelle entre les constitutionnalistes et les spécialistes de la politique. Fin avril, après un débat houleux et d’acrimonieuses piques politiciennes, le projet de révision constitutionnelle devant introduire le mandat unique, est stoppé net à l’Assemblée nationale à trois voix près.

Un ballon de sonde pour l’opinion publique béninoise ?

Au milieu des records de longévité au pouvoir sur le Continent, l’idée d’un seul et unique quinquennat porté par Patrice Talon a contribué à le rendre plus populaire. Pour la jeunesse africaine, malgré les réserves des spécialistes, cette idée de mandat unique était un moyen de lutter contre les mandats sans fin de certains chefs d’Etat africains à la tête de leur pays quand ils ne passaient pas la main à leur progéniture.

Au pouvoir en Guinée équatoriale depuis bientôt 39 ans, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo détient le record de longévité au pouvoir en Afrique. L’Angolais José Edouardo Dos Santos qu’il devance d’un petit mois au pouvoir, a fini par jeter l’éponge en organisant sa succession. Mais le Camerounais Paul Biya, le Congolais Denis Sassou Nguesso de même que l’Ougandais Yoweri Museveni totalisent chacun trois décennies de pouvoir.

Loin de rejoindre ses «pères», Patrice Talon rompt avec sa promesse de campagne qui avait suscité l’enthousiasme sur l’émergence de nouveaux leaders africains, détournés de la multiplication des mandats. Mais la position de Patrice Talon se veut plus nuancée.

«Donnons le meilleur de nous-mêmes à chaque instant, prenons les bonnes décisions. 2021 est encore loin», prêche Patrice Talon. «Si la révision ne passe pas, est-ce que je dirais que je ne suis pas capable de continuer ? On appréciera le moment opportun», a complété Patrice Talon dans sa réponse.

Une façon de se ressaisir en jetant un voile obscur sur sa déclaration ? A moins que le président béninois n’envoie des ballons d’essai pour sonder l’opinion béninoise sur la candidature à sa propre succession en 2021.

CamerounWeb.com