Arkebe Oqubay : « Pour l’Éthiopie, l’Agoa n’est qu’un atout parmi d’autres »

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L’Éthiopie a vu ses exportations vers les États-Unis exploser de 150 % depuis 2001. Le conseiller spécial du Premier ministre éthiopien – avec rang de ministre – explique les raisons de ce succès.

Jeune Afrique : Pourquoi votre pays est-il l’un de ceux qui arrivent le mieux à tirer profit du dispositif de l’Agoa ?

Arkebe Oqubay : Lors du démarrage du programme, en 2000, l’Éthiopie ne profitait pas pleinement de cette opportunité à cause du faible niveau de son secteur industriel, du manque de facilitation par les autorités et du peu de sensibilisation des entreprises.

Tout ceci a changé, et le pays a bénéficié pleinement de l’Agoa ces dernières années. Il faut noter que l’Éthiopie est sans doute le pays le plus fiable d’Afrique en matière de sécurité, de continuité politique et de stabilité macroéconomique. Dans ce contexte favorable, l’accès préférentiel au marché américain n’est finalement qu’un atout additionnel.

Ce sont surtout le textile et la fabrication des chaussures qui tirent les exportations. Pourquoi ?

Ces deux secteurs ont été ciblés initialement, car ils avaient un fort potentiel à l’export. Ils ont donc pu profiter à plein de l’Agoa. Mais, dans le cadre d’une vision à dix ans, nous allons encourager l’essor d’autres secteurs, alimentaire ou pharmaceutique par exemple.

Aujourd’hui, nous comptons 400 000 emplois dans l’industrie. Nous voulons augmenter ce chiffre de 25 % chaque année pour atteindre 2 millions d’emplois industriels en 2025. Notre pays entend devenir l’épicentre de la fabrication industrielle en Afrique d’ici à 2025.

Est-ce qu’un arrêt de l’Agoa aurait pu avoir un impact dramatique pour l’Éthiopie ?

Ce dispositif n’est qu’un des avantages qui motivent les investisseurs à venir chez nous. Ils sont surtout attirés par l’importance du marché domestique. Avec 94 millions d’habitants, l’Éthiopie est le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique et elle présente l’une des croissances économiques les plus rapides du continent, voire du monde. Ensuite, nous disposons d’une main-d’œuvre nombreuse et compétente, notamment grâce à des structures de formation technique. De plus, le gouvernement a massivement investi dans les infrastructures et a largement amélioré l’environnement des affaires. C’est pour cela que défilent à Addis-Abeba les délégations officielles venues d’Asie, de Turquie…

Alors, bien sûr, l’Agoa, tout comme les conditions préférentielles accordées par l’Europe, nous offre un avantage compétitif, et nous allons continuer à encourager les entreprises à travailler avec ce dispositif. Mais, en Éthiopie, nous avons posé des bases solides du développement économique, et les investisseurs regardent aussi les autres indicateurs.

Jeune Afrique