Alimentation : Du formol dans les assiettes

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Alimentation : Du formol dans les assiettes

Le formol encore appelé méthanal ou formaldéhyde ou aldéhyde formique, composé organique de la famille des aldéhydes, une solution liquide, fixateur et conservateur de cadavre d’animaux ou d’humains, est de plus en plus utilisé dans l’alimentation. A Lomé, il se développe cette pratique malsaine consistant à utiliser du formol à la place du sucre pour rendre plus sucrés les boissons et autres aliments. Il s’agit, entre autres, des jus de fruit, des amuse-gueule, des gâteaux, de la bouillie, des boissons diverses et autres aliments sucrés. Cette pratique est adoptée par beaucoup de vendeuses pour plusieurs raisons. Certaines bonnes dames vendeuses de jus de fruit en font usage du fait de son gout plus sucré que le sucre ordinaire, couramment utilisé.

Quelques témoignages recueillis auprès de personnes ayant par expérience consommé du jus mélangé au formol révèlent des cas de vomissement de sang. Lesquels vomissements seraient à la base de la présence du produit dans l’aliment. « Des analyses médicales l’attestent clairement », affirme un témoin qui a requis l’anonymat. Les intéressés confient qu’il s’agit d’un produit très sucré et dont le goût demeure des heures durant après la consommation. Les quelques vendeuses de jus interrogées disent n’en avoir jamais fait usage. D’autres par contre se sont abstenues de se prononcer. Certaines affirment qu’elles le font pour attirer la clientèle. « J’utilise le formol pour avoir beaucoup de clients. Lorsque le bissap est bien sucré les clients aiment cela, ils en raffolent », explique une vendeuse de bissap. Ailleurs, le formol est utilisé pour d’autres arguments : « Les gens le font et moi aussi j’ai commencé à le faire, de grandes dames le font également et moi j’ai découvert le secret », confie une vendeuse de bouillie.

Lorsque certaines imitent leurs consœurs, d’autres par contre parlent du coût élevé du sucre. « Le sucre est trop cher. Si je vends des gâteaux, je ne gagne pas grand-chose. Mais quand j’utilise le formol, le bénéfice est important », avoue une vendeuse de gâteaux.

Le formol dans les vivres frais

Les togolais sont exposés à des risques énormes face aux produits congelés qu’ils ont l’habitude de consommer au quotidien. Et comme la culture de consommer localement n’est pas propre au Togolais, tout est importé de l’extérieur. Au risque de consommer n’importe quoi, même des déchets ou avaries. Selon un spécialiste en hygiène alimentaire, les poulets et croupions qui nous viennent de l’étranger sont injectés du formol. Ce produit qui sert à embaumer les corps humains dans les morgues est utilisé aussi abusivement pour gonfler, mieux, augmenter le volume ou le poids des surgelés importés de l’étranger.

L’utilisation du formol affecte au plus haut point la santé des populations. Selon Dr Koudoha Martin, spécialiste en hygiène alimentaire, ce produit est utilisé pour plusieurs raisons. Premièrement, pour que les vivres frais gardent le même volume au départ de l’importation et aussi pour que les poulets résistent longtemps avant leur décomposition, même s’ils n’ont pas été vendu à temps.

Comment utilise-t-on le formol dans les aliments ?

Le sucre formol ressemble au glutamate blanc qu’utilisent les bonnes dames en cuisine. Il ne se vend pas à tout le monde. « Quand on va chez la vendeuse au grand marché de Lomé, on lui parle discrètement pour ne pas attirer l’attention des gens qui sont dans l’entourage. Parfois, c’est la vendeuse de sucre qui vous suggère de payer le sucre formol quand elle sent que vous êtes discret », affirme un boulanger qui produit du pain sucré à Lomé.

Les vendeuses ont plusieurs techniques pour introduire le formol dans les aliments, d’après dame X. « Pour la bouillie, j’écrase le sucre formol que je mets dedans, et quand les clients achètent, j’y ajoute un peu de vrai sucre pour ne pas attirer l’attention, et la bouillie est bien sucrée », dit-elle. Par contre, certaines vendeuses s’abstiennent d’utiliser le formol. « Moi, je ne mets pas le sucre formol dans les aliments que je vends, parce que c’est nocif pour la santé de l’homme. Moi-même je mange tout ce que je vends, mes enfants également », confie dame Rose, vendeuse d’Akpan glacé à Lomé. Pour une autre vendeuse de bissap, l’utilisation du formol chasse la clientèle. « Quand les enfants sentent que vous utilisez le formol dans votre bissap, ils ne viennent plus payer ».

L’utilisation du formol dans l’alimentation inquiète les Togolais. Ils expriment ici leurs inquiétudes et crient leur indignation. Madame Véronique ménagère au marché d’Adidogomé dit : « Je suis bien au courant de cette pratique de certaines de mes camarades femmes. Mais, c’est regrettable. Elles nous tuent à petits coups. Toutes veulent augmenter leurs chiffres d’affaires ». Ahodo Marcel, employé de banque, exprime sa désolation : « Ah, je comprends maintenant. Je prends du bissap et toute la journée ma langue reste sucrée, alors que c’est la mort qui sucrait ma langue. Eh ! Ces dames nous tuent hein ». En clair, beaucoup de Togolais consomment du formol sans le savoir

Le formol, un produit nocif pour la santé

Des études scientifiques indiquent qu’il existe des dangers liés à la pénétration du produit dans l’appareil digestif. Selon Dr Koudoha Martin, les solutions de formaldéhyde sont toxiques si elles sont ingérées, c’est-à-dire avalées. L’ingestion de formaol par accident ou dans des cas de suicide ou d’homicide, cause des brûlures par corrosion à la bouche, à la gorge et au tube digestif, ainsi que des vomissements de tissu et de sang. Une fois ingéré, le formaldéhyde est rapidement converti en acide formique, lequel peut causer une acidose métabolique, de même que les lésions au foie et aux reins entrainant une jaunisse(hépatite) et le gonflement des tissus de l’organisme. Dans des cas graves, il peut y avoir des troubles, une dépression du système nerveux central et le décès.

Les autorités sanitaires, les associations de défense des consommateurs et tous les responsables impliqués dans le contrôle de qualité des aliments doivent donc se réveiller et agir, pour garantir aux consommateurs le minimum de sécurité.

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